Association des Saulières

 On peut lire ci-dessous la quatrième de couverture du livret accompagnant le DVD :

quatrième de couverture

" Il y avait la forêt des Saulières… ". Mais il y a eu le massacre du Treuil et de la Besse… Recueillir le témoignage de celles et ceux qui ont vécu de près ou de loin cette horrible tragédie, devenait une exigence morale. Avec la complicité indéfectible d’Albert Uminski, ce travail de Mémoire, se veut aussi une contribution à l’écriture de l’Histoire.

Ce récit commence avec l’effondrement de mai-juin 1940 et la mise en place de l’État français. A sa tête : le Maréchal Pétain, qui choisit vite de s’engager dans la voie de la collaboration avec le Führer Hitler. Des milliers d’Alsaciens et de Lorrains sont contraints de quitter leur foyer. Des habitants de Coutures et de Riches, en Moselle, racontent comment ils ont été accueillis, hébergés et protégés, à Donzenac et à Sainte-Féréole.

Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes occupent la zone libre. Dès le 16 février 1943, la loi du Service du Travail obligatoire (STO) oblige les jeunes, âgés de 20 à 22 ans, à partir travailler en Allemagne. Nombreux sont les réfractaires qui vont chercher refuge en Corrèze, notamment dans la forêt des Saulières, dès le mois d’avril. D’un camp de refuge, on passe à des camps de maquisards appartenant à l’Armée secrète (AS), décidés, au nom du patriotisme, à rétablir les libertés et se battre contre les forces d’occupation et celles de Vichy. La solidarité du monde rural leur est pleinement et généreusement acquise.Plusieurs témoignages, que l'on retrouve ici, l'attestent. Le 11 novembre 1943, répondant à l’appel lancé depuis Londres de se rendre devant les monuments aux morts pour commémorer l’armistice de 1918, soixante maquisards défilent devant celui de Sainte-Féréole, au pied duquel ils déposent une gerbe. Quatre jours plus tard, les Allemands, ayant eu vent de cette manifestation patriotique, se livrent à une terrible répression, dont rendent compte ici deux survivants. Dix-huit maquisards, des camps du Treuil et de La Besse, seront retrouvés, couverts de boue, mutilés et défigurés.

le livret

Le 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation. Elles sont à Brive le jour même.
Alors que l'Armée aurait pu réagir, l'ordre est donné de rester dans les casernes, ce qui permet aux Allemands d'atteindre la Méditerranée en moins de vingt-quatre heures, leur objectif principal étant la capture de la flotte de haute mer française de Toulon.
La flotte se saborde après une succession, en quelques heures, d'ordres et de contre ordres ; seuls quelques navires s'échappent.
Face à ce désastre de la collaboration, des marins décident d'eux mêmes de réagir, c'est-à-dire tout simplement de désobéir, de déserter. C'est le cas de Bouillabaisse, de Mammouth et de Bébert qui arrivent au début  du printemps 1943 aux Saulières où les responsables locaux de l'A.S. n'ont rien pour les accueillir si ce n'est la volonté de résister.

 

Les premiers maquisards du "Trou du Loup" dans les Saulières

Associés à quelques autres jeunes qui eux aussi refusent la défaite, ce premier groupe compte 8 maquisards.
 Le 15 novembre 1943 ils seront plus de 80, résultat de la politique de collaboration et du STO du gouvernement de Vichy.
Il faut les nourrir : les "légaux" font le tour des fermes et leur amènent, souvent de nuit, de quoi subsister.
Ils sont recherchés par la police de Vichy ; les légaux les renseignent ; ils leur prépareront successivement 6 camps en 9 mois.
Il faut les armer : des armes sont volées à la caserne Brune de Brive, d'autres proviennent d'un parachutage qui a été organisé à Chadebec, à quelques kilomètres de leur camp ; d'anciens militaires les forment au maniement des armes. Toute une infra-structure se monte autour des maquis même si l'afflux pose d'importants problèmes.
En 9 mois, dans un quadrilatère de 2km de côté , plus de 80 jeunes (excepté le "pépé" qui avait fait la guerre de 14) venus des 4 coins de la France "les mains dans les poches", sont constitués en deux camps, commencent à être équipés et armés grâce au travail d'une poignée de légaux aidés eux-mêmes par une fraction de la population.

 

Les 6 camps

Bien sûr, les résistants en 1943 sont, au niveau national, très peu nombreux, mais  un point de cristallisation s'est constitué aux Saulières.
Le 11 novembre 1943, 60 d'entre eux ont défilé en uniforme et certains en armes à Sainte-Féréole, ont déposé une gerbe, envoyé les couleurs et chanté "la Marseillaise" : 9 mois c'est aussi long pour des jeunes vivants dans les bois.

 

préparation du défilé

 

"Ils bravaient les troupes allemandes"

Cette cérémonie déclenchera la terrible répression du 15 novembre où 18 maquisards laisseront la vie.
Ce sont des habitants des environs qui recueillirent les cadavres et qui les amenèrent à Donzenac. De simples particuliers collectèrent des draps pour servir de linceuls, les menuisiers fabriquèrent des cerceuils.
Les témoignages ne font référence qu'à des initiatives privées ; alors que les administrations semblent absentes, une fraction de la population, en dépit des risques encourus, affiche son soutien. Les obsèques sont suivies par plus d'un millier de personnes, malgré l'interdiction des Autorités.
Ce coup terrible ne mit pas à genou la résistance ; les survivants furent cachés dans les fermes avoisinantes, se répartirent dans d'autres camps corréziens où ils continuèrent leur entrainement ; en juin 1944, ils participèrent en particulier aux attaques contre la division nazie "Das Reich"(qui avait participé à l'assaut du port de Toulon en novembre 1942 !) et à la libération de Brive, première ville de  France occupée à se libérer par ses propres moyens le 15 août 1944, 9 mois après le massacre.

Groupe VENY